Étiquettes : sécurité alimentaire, familles, pauvreté, vie de quartier
Un peu d’histoire
Fondée en 1667, Lachine est l’une des trois premières paroisses de l’île de Montréal. Sa localisation en amont des rapides de Lachine en a fait un lieu clé pour la traite des fourrures. La présence des peuples autochtones sur le territoire remonte à 2 000 ans.
D’abord appelé Saint-Sulpice, Lachine était à l’origine une seigneurie octroyée à René Robert Cavelier de La Salle. Celui-ci décida de se lancer à la découverte de la route de la Chine. L’expédition ayant été infructueuse, Saint-Sulpice fut surnommée, avec humour, « Lachine ». Ce nom devient officiel en 1676 lors de la création de la paroisse des Saints-Anges de Lachine[1].
Intégré à la ville de Montréal dans le cadre des fusions municipales de 2002, l’arrondissement de Lachine s’étend le long du lac Saint-Louis à l’ouest du centre-ville de Montréal. Le territoire est ceinturé par le canal de Lachine et le lac Saint-Louis au sud, l’arrondissement de Saint-Laurent et Côte-Saint-Luc au nord, la municipalité de Dorval à l’ouest, et Montréal-Ouest et LaSalle à l’est. Il est par ailleurs scindé en deux par l’autoroute 20. La partie nord est essentiellement constituée d’un parc industriel, tandis que la partie sud est principalement résidentielle. La présence d’axes de transport routier et ferroviaire crée des ruptures importantes dans le tissu urbain et des enclaves dans certains secteurs du quartier, notamment dans Duff Court et Saint-Pierre.
Avec près de 45 000 résidents, Lachine est un arrondissement de taille moyenne qui se caractérise sur le plan démographique par une présence significative de familles avec enfants et un léger vieillissement de la population, à l’image de la situation observable à l’échelle de l’île de Montréal. L’immigration y est récente, mais on constate sa croissance rapide, bien que la proportion de personnes immigrantes demeure en deçà de la moyenne montréalaise (23 %, comparativement à 34 %).
Selon les acteurs du milieu, plusieurs centaines de migrants demandeurs d’asile sont venus s’établir dans le quartier au cours des dernières années.
Un quartier, trois réalités
Situé sur la rue Duff Court (entre la 14e et la 24e avenue), ce secteur de plus de 2 700 habitants se caractérise par le grand nombre d’habitations à loyer modique (HLM) de Place Lachine, un des plus grands complexes de HLM au Canada. Le cadre bâti est complété par un parc de logements locatifs vieillissants aux prises avec des enjeux d’insalubrité. Fortement enclavé et défavorisé, le territoire compte une forte concentration de familles avec enfants (82 %), une présence importante de personnes immigrantes (32 %), ainsi que de nouveaux arrivants (10 %) et des membres de minorités visibles (47 %).
Plusieurs indicateurs de vulnérabilité y sont présents dans une proportion nettement plus élevée que la moyenne montréalaise. Ainsi, près des deux tiers des familles sont monoparentales (33 % à Montréal), plus d’un adulte sur trois n’a pas de diplôme d’études secondaires (17 % à Montréal), plus d’une personne sur deux est à faible revenu (21 % à Montréal) et le taux de mobilité résidentielle aux cinq ans est de 47 % (43 % à Montréal). La pauvreté touche particulièrement les aînés (38 %) et les tout-petits (66 %). De tous les secteurs de l’île de Montréal, Duff Court présente d’ailleurs une des plus fortes concentrations de 0-5 ans vivant au sein d’une famille à faible revenu.
Situé au nord-est de Lachine, le quartier Saint-Pierre compte plus de 5 200 résidents. Ceinturée par d’imposantes infrastructures de transport (viaducs, autoroute, voie ferrée), l’ancienne ville de Saint-Pierre est physiquement enclavée du reste de l’arrondissement, ce qui limite fortement les interactions avec les secteurs avoisinants. En plus de composer avec d’importants enjeux d’aménagement urbain, le secteur est touché par une détérioration du cadre bâti et une offre commerciale limitée, notamment en ce qui concerne l’alimentation.
Bien que l’arrondissement de Lachine soit généralement considéré comme un secteur abordable, 40 % des ménages locataires de Saint-Pierre consacrent plus de 30 % de leur revenu aux frais de logement, ce qui crée une pression importante pour combler les autres besoins de base. Dans le secteur de Saint-Pierre, plus d’une personne sur quatre vit avec un faible revenu (21 % à Montréal). Tout comme à Duff Court, les tout-petits (29 %) et les aînés (30 %) sont particulièrement touchés par la pauvreté, ces derniers étant également plus nombreux à vivre seuls (45 %). À cette situation s’ajoutent des indicateurs de vulnérabilité tels que la monoparentalité et la sous-scolarisation des adultes.
Comptant plus de 21 000 personnes, Lachine-Est est le quartier le plus populeux de l’arrondissement. Marqué par un développement résidentiel soutenu et une croissance de la population, Lachine-Est est un secteur en grande transformation depuis une dizaine d’années. Ce dynamisme s’accélérera avec la reconversion de l’ancien pôle industriel situé au bord du canal de Lachine, où la trame urbaine sera appelée à se métamorphoser avec la construction de plus de 4 000 unités d’habitation. Malgré la vitalité présente dans cette partie du territoire, Lachine-Est constitue néanmoins le secteur où l’on compte le plus de personnes à faible revenu (plus de 4 000). À l’image de Duff Court et de Saint-Pierre, Lachine-Est présente une sous-scolarisation de la population (22 %) et une monoparentalité (41 %) plus marquées que les moyennes montréalaises (respectivement de 17 % et de 33 %).
Duff Court, Saint-Pierre et Lachine-Est font l’objet d’une attention particulière de la part des intervenants de Lachine depuis de nombreuses années. Au fil du temps, plusieurs initiatives du milieu, dont plusieurs ont bénéficié du soutien de Centraide, ont permis d’accroître l’accessibilité des services en créant de nouvelles ressources ou en développant des solutions adaptées aux besoins des résidents.
Les conditions de vie et la diversité
Si, pour l’ensemble de Lachine, les indicateurs de défavorisation s’approchent des moyennes de l’île de Montréal (faible revenu et proportion de personnes vivant seules, par exemple), certaines réalités, comme la monoparentalité et la sous-scolarisation de la population adulte, y sont plus marquées. La pauvreté est particulièrement importante dans les secteurs de Duff Court et de Saint-Pierre.
La proportion de personnes immigrantes à Lachine est inférieure à la moyenne montréalaise. On constate que leur présence est plus marquée dans les secteurs de Duff Court (32 %) et de Saint-Pierre (27 %).
La présence de personnes issues de minorités visibles est également plus importante dans ces secteurs (Duff Court : 47 % et Saint-Pierre : 36 %). La communauté noire représente le groupe de minorités visibles le plus important à Lachine (11 %). À Duff Court et à Saint-Pierre, ces proportions atteignent respectivement 28 % et 15 % (Montréal : 10 %).
Les investissements de Centraide dans le quartier
La croissance de l’immigration amène les organismes et la Table de quartier à développer des stratégies de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale adaptées aux changements démographiques et aux défis particuliers vécus par les nouveaux arrivants. Afin d’assurer une participation inclusive, Centraide du Grand Montréal soutient les organismes dans le renforcement de leurs capacités, de même que dans le développement d’une approche et de pratiques interculturelles. Une attention particulière est portée aux organismes afin qu’ils reflètent, dans tous leurs aspects, la composition ethnoculturelle du quartier.
L’amélioration des milieux de vie dans les zones vulnérables demeure un enjeu prioritaire pour les acteurs de Lachine. En lien avec le plan de quartier 2017-2022, Centraide appuie les ressources existantes et les projets qui favorisent la mise en commun des efforts visant à joindre les populations vulnérables vivant dans les secteurs de Duff Court, de Lachine-Est et de Saint-Pierre. Centraide du Grand Montréal poursuit également le dialogue avec les acteurs du milieu afin de mieux comprendre et de mieux répondre aux besoins des personnes vivant dans les îlots de pauvreté Louis-Paré et Ivan-Franko.
203 912$
pour soutenir la réussite des jeunes
252 100$
pour assurer l’essentiel
84 179$
pour briser l’isolement social
220 298$
pour bâtir des milieux de vie rassembleurs
*Données 2018-2019
Un exemple d’initiatives dans le quartier
Au-delà de la qualité de leurs actions qui misent sur des solutions durables, tous les organismes appuyés par Centraide du Grand Montréal sont des chefs de file dans leur milieu qui agissent comme des leviers.
Initié par le groupe de revitalisation urbaine intégré (RUI) du quartier Saint-Pierre (arrondissement Lachine), ce projet vise à créer un aménagement transitoire multifonctionnel en collaboration avec les citoyennes et les citoyens du quartier.