Alors qu’à la mi-mars, on s’isolait dans nos maisons pour une période indéterminée, d’autres se cherchaient un lieu pour se réfugier. Les personnes en situation d’itinérance et celles qui sont logées dans la précarité sont devenues particulièrement vulnérables devant la pandémie.
Dès le début de la crise, les organismes en itinérance se sont mis sur un pied d’alerte pour protéger leur clientèle, mais les enjeux sont rapidement allés au-delà de ce qu’ils pouvaient affronter seuls.
En quelques jours seulement, plusieurs ressources ont été contraintes de fermer ou de restreindre leurs activités pour respecter les règles de distanciation. Tous les services ont été éblanlés : l’hébergement, le dépannage alimentaire, les sites d’injection supervisés, l’accès aux soins de santé, etc. Les travailleurs de rue, débordés, peinaient à trouver des alternatives pour répondre aux besoins criants.
Voyez comment, en quelques semaines seulement, les ressources en itinérance se sont mobilisées pour affronter la crise.
Sur le terrain grâce au Fonds d’urgence
En itinérance, la liste des besoins est longue : hébergement, aide alimentaire, soutien en santé mentale et en toxicomanie, appui aux jeunes marginalisés, etc. Le Fonds d’urgence a permis aux organismes de faire face à toutes sortes de situations imprévues et soudaines. Il donne lieu à de belles histoires d’entraide et de solidarité à travers lesquelles personne n’est laissé pour compte.
Le Sac à dos arrive en renfort sur la Place Émilie-Gamelin
On s’active sur la Place Émilie-Gamelin où tous les jours 200 repas sont servis à des sans-abris, des personnes ayant de graves problèmes de consommation et une autre clientèle, toute nouvelle, de gens qui viennent de perdre leur emploi. Le Sac à dos assure l’intervention psychosociale sur le site et sa Brigade verte, composée de travailleurs en réinsertion sociale, s’occupe de l’entretien. Une escouade d’employés de la Ville de Montréal dégagés de leur fonction prête main-forte à toute l’équipe. Une belle solidarité!
Cactus Montréal prend la relève
La crise sanitaire n’empêchera malheureusement pas les utilisateurs de drogues de consommer. Mais les possibilités pour le faire en toute sécurité sont devenues extrêmement limitées, car tous les petits centres d’injection sécuritaires ont dû fermer. Cactus Montréal, un organisme phare dans ce domaine, a pris la relève pour protéger cette population particulièrement vulnérable. Les mesures sanitaires ont été mises en place et l’offre de soins de santé a été adaptée grâce à la télémédecine. Une prévention essentielle pour les 220 personnes rencontrées en moyenne chaque jour!
L’Auberge communautaire du Sud-Ouest tient les jeunes loin de la rue
Dans cette auberge du coeur destinée aux jeunes de 18 à 30 ans, l’équipe d’intervenants s’est élargie pour offrir du soutien en permanence aux 20 jeunes hébergés à l’Auberge aux 38 locataires des appartements communautaires qui sont confinés à la maison. Écoute, soutien, accompagnement psychosocial, tout est mis en place afin d’éviter qu’ils ne retournent dans la rue. Mieux vaut quelques semaines de confinement qu’un retour à la case départ!
Témoignage
PACT de rue intervient dans sept quartiers du nord et de l’est de Montréal, là où la réalité des jeunes de la rue et des personnes en situation d’itinérance est bien différente de celle rencontrée au centre-ville.
Il n’y a plus de jeunes dans la rue, mais on reste en contact avec certains d’entre eux par téléphone. Les rues sont vides, alors ça nous permet d’avoir un autre regard et d’établir des liens avec des personnes qu’on voyait moins. Nos travailleurs de rue ont ciblé une centaine de personnes en situation d’itinérance un peu partout autour des stations de métro ou de certains commerces.
Dans les quartiers périphériques, les itinérants ont une autre réalité. Ils ne veulent pas aller au centre-ville, là où en ce moment ils auraient plus de services. Ils ont leur territoire, leur réseau, leurs habitudes. Alors on maintient les liens avec eux, on les informe sur les mesures à prendre pour limiter la propagation du virus, on distribue du matériel de consommation, on les dirige vers de l’aide alimentaire. On fait tout ce qu’on peut pour les rassurer et assurer leur sécurité. »
Robert Paris
Directeur, PACT de rue