En juillet 2022, notre équipe a tourné une vidéo au Service de nutrition et d’action communautaire (SNAC) du quartier montréalais Ahuntsic. Déjà à ce moment, la directrice adjointe de l’organisme communautaire parlait d’une situation critique à plusieurs égards. Nous l’avons contactée au début de l’année 2023 pour voir si les besoins étaient encore criants. Nous avons découvert que la crise s’est empirée.
« La clientèle augmente, augmente, augmente, augmente », lâche d’entrée de jeu Louise Donaldson, directrice adjointe du SNAC. « Entre le 1er juillet et le 31 décembre 2022, nous avons accueilli 335 nouvelles familles. Et la majorité sont des familles nombreuses. On voit aussi des gens qu’on n’avait pas vu depuis longtemps. Des personnes qui avaient réussi à s’en sortir, mais qui doivent couper dans les dépenses alimentaires parce que leur loyer coûte vraiment plus cher qu’avant. »
Pour documenter la situation, le SNAC a mandaté un bénévole afin de classifier la clientèle. Voici quelques données qu’il a recueillies :
- Le taux de travailleurs ayant recours à un dépannage alimentaire au SNAC a augmenté de 8 points de pourcentage en 5 mois (de 14 % à 22 %)
- Le pourcentage de familles monoparentales desservies a augmenté de 5 points durant la même période (de 15 % à 20 %)
- Le taux de familles biparentales qui se présentent au SNAC a quant à lui bondi de 10 points (de 18 % à 28 %)
Les dernières statistiques renferment une information importante. Elles reflètent notamment l’arrivée importante de demandeurs d’asile et la précarité de leur situation à leur arrivée. Les organismes qui offrent une aide alimentaire représentent la porte d’entrée de notre société pour ces personnes.
« Ce que l’on voit présentement sur le terrain, c’est l’urgence de répondre aux besoins essentiels des personnes réfugiées et demandeuses d’asile qui arrivent au Canada », souligne Youssef Slimani, conseiller en développement social chez Centraide du Grand Montréal. « Les gens ont besoin de se nourrir et de s’habiller. Il s’agit de premières nécessités. »
Louise Donaldson est une témoin de première ligne de cette nouvelle réalité : « Ce qui est inquiétant, c’est que la majorité de ces 335 nouvelles familles sont issues de l’immigration et sont aussi très nombreuses, ce qui leur donne droit à deux dépannages par mois. » Parmi sa clientèle régulière, l’inquiétude se manifeste de plus en plus. La directrice raconte qu’une usagère est venue la voir en novembre pour lui dire : « Y’a ben du monde dehors, allez-vous réussir à nourrir tout le monde? »
« C’est aussi très difficile pour nos bénévoles, poursuit Louise. Il y en a qui sont venus en larmes dans mon bureau parce que sur le plan humain, c’est insoutenable. Les familles viennent chercher de la nourriture sans manteau d’hiver et n’ont même pas de réfrigérateur pour conserver leurs aliments. »
Pour le moment, le SNAC continue de desservir sa clientèle grandissante et ne refuse personne. Malgré le roulement incessant de la main-d’œuvre.
« Nous, on ne lâche pas, assure Louise Donaldson. On continue de servir le plus de monde possible. Le plus de stock que je peux entrer, je vais en entrer. On ne peut pas choisir entre deux humains : une personne aînée ou une famille de nouveaux arrivants. »
La réponse de Centraide
Les problèmes exposés dans ce texte sont actuellement généralisés sur le terrain selon plusieurs organismes. C’est pourquoi nous avons annoncé en février dernier un investissement supplémentaire de 1,7 M$ en urgence alimentaire pour soutenir 36 organismes de notre réseau. Le SNAC, pour sa part, a bénéficié d’une aide de 150 400 $ de Centraide au cours de la dernière année, à laquelle s’est ajouté un soutien ponctuel de 59 000 $ pour consolider les activités de l’organisme en matière d’intervention sociale, de dépannage alimentaire et de livraison.
Découvrez la mission essentielle du Service de nutrition et d’action communautaire d’Ahuntsic à travers une vidéo réalisée pour le comité des Philanthropes émergents de Centraide du Grand Montréal en juillet 2022.
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À go, on Centraide
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