Le 15 novembre 2021 — Au Québec, plus d’un million de personnes vivent dans la pauvreté, dont plus de la moitié habitent dans la grande région de Montréal. Tous ces gens ont du mal à se loger, à se nourrir et à se vêtir au quotidien, et ne savent pas de quoi demain sera fait. Le président et directeur général de Centraide du Grand Montréal, Claude Pinard, nous explique comment l’organisme agit avec cœur pour améliorer les conditions de vie des plus démunis et bâtir des communautés qui ne laissent personne de côté.
Q1 : Centraide du Grand Montréal s’est donné la mission de lutter efficacement contre la pauvreté et l’exclusion sociale. Comment cela se traduit-il sur le terrain?
R : Centraide s’appuie sur quelque 350 organismes et projets de la grande région de Montréal présents dans les communautés pour aider les personnes vulnérables. Notre action se concentre sur quatre champs d’action : favoriser la réussite des jeunes, assurer l’essentiel (nourriture, logements, vêtements, etc.), briser l’isolement et bâtir des milieux de vie rassembleurs. Autrement dit, on s’attaque à la racine du problème pour que personne n’ait plus à vivre dans la pauvreté ou ne soit exclu de la société.
La pauvreté, c’est l’affaire de tous
En privant la société de nombreux talents et de ressources précieuses, la pauvreté coûte entre 15 et 17 milliards de dollars par année aux Québécois. Dans le Grand Montréal, Centraide vient en aide à quelque 800 000 personnes dans le besoin.
Q2 : Qu’est-ce qui distingue Centraide des autres organismes d’aide?
R : Notre force réside dans notre expertise sociale unique, grâce à notre équipe d’une vingtaine de conseillers experts en développement social qui suivent l’évolution de la pauvreté dans les 111 quartiers et municipalités de Montréal, de Laval et de la Rive-Sud. Ils sont en interaction constante avec les organismes et tous ses acteurs pour mieux comprendre les besoins. L’analyse territoriale permet aussi d’adapter nos stratégies aux réalités des quartiers et d’investir là où les besoins sont les plus criants. En somme, Centraide est le plus important investisseur non gouvernemental dans le domaine sociocommunautaire.
Q3 : Toutes les causes ne sont pas séduisantes, et certaines ont tendance à tomber dans l’oubli. Sur quels plans agissez-vous ?
R : Notre travail consiste à rendre visible la cause de la pauvreté, car elle a de multiples visages – problèmes de logement, de santé mentale, de persévérance scolaire, insécurité alimentaire, itinérance, etc. Les organismes que nous soutenons couvrent plusieurs dimensions de la pauvreté, toutes interreliées. Par exemple, un immigrant qui débarque à Montréal aura besoin d’un logement, d’un emploi et de dépannage alimentaire ou encore d’un coup de main pour faire reconnaître ses qualifications. En créant un filet de sécurité pour ces personnes, on leur permet de passer de personne aidée à contributeur. Il faut voir la lutte contre la pauvreté comme un extraordinaire outil de développement social et économique.
Q4 : Comment les fonds sont-ils attribués et où vont les dons ?
R : Un comité d’investissement composé de bénévoles et d’experts a été mis en place pour évaluer, en collaboration avec nos conseillers, les demandes d’aide financière soumises par les organismes. Ils formulent ensuite leurs recommandations au conseil d’administration de Centraide, lui-même composé de bénévoles indépendants. Toutes ces personnes s’assurent de la bonne gouvernance de l’organisme. Vous avez ainsi la certitude que chaque dollar versé à Centraide devient un puissant levier pour nos communautés, pour les personnes vulnérables et, ultimement, pour toute la société.
Q5 : Comment Centraide s’est-il démarqué pendant la pandémie ?
R : Dès le début de la pandémie, Centraide a collaboré avec des acteurs clés du Grand Montréal. Notre savoir-faire et notre compréhension des enjeux sociaux ont amené les différents paliers de gouvernement, les fondations, les entreprises et les donateurs à se tourner vers nous pour distribuer l’aide d’urgence. Bien que la vie reprenne lentement son cours, la crise sanitaire a laissé des traces. Les inégalités se creusent et la pauvreté gagne du terrain. Étant au centre d’un triangle composé des secteurs public, privé et communautaire, Centraide a un rôle de rassembleur et d’influenceur. Comme société, il faut non seulement lutter contre la pauvreté, mais y mettre fin.